Ce titre, volontairement provocateur, est un amalgame contre lequel le professeur Pierre Firket, médecin généraliste, directeur du Centre d'Informations, de Thérapeutiques et d'Etudes sur le stress à l'université de Liège, veut lutter. Pour lui, ce syndrome est largement sous-estimé en Belgique.
Le burn-out est ce qu'on appelle une nouvelle maladie. L'important est, notamment, de pouvoir détecter et prévenir l'apparition des premiers symptômes. Comme l'annonce le Soir, des chercheurs mandatés par la ministre de la Santé publique, Laurette Onkelinx, ont créé une grille pour mieux cerner cet épuisement. Un épuisement qui frappe de plus en plus de travailleurs. D'après le professeur Pierre Firket, qui cite une étude européenne, "la souffrance psychique au travail pourrait s’élever à une trentaine de pourcent des travailleurs dans le monde des entreprises".
Le problème est que ce mal-être est souvent stigmatisé : "Ceux qui résistent sont les bons et ceux qui craquent sont les mauvais. On fait des amalgames, vous pouvez l’imaginer. On est dans une société de performance et celui qui se retrouve au burn-out est quand même désigné du doigt au lieu d'être l’objet d’une réflexion sur les causes de ce burn-out".
Ce médecin, qui a quelques années d'expérience, a vu ses patients changer "parce que l’encadrement, le monde du travail ou l’environnement du monde du travail a terriblement changé et les patients deviennent les symptômes d’une espèce d’organisation du travail pathogène".
D'où l'importance, selon lui, d'essayer "de resserrer le tableau clinique du burn-out" et privilégier la notion de travail : "C’est un nouvelle donne de santé dans le cadre de la relation d’un individu par rapport à son travail. Le burn-out n’existait pas il y a 20-30 ans d’ici. C’est nouveau, c’est vraiment le stigmate de cette complexité qui est apparue dans la relation au travail suite à toute une série de modifications. Le monde de l’économie a changé, le monde de l’organisation du travail a changé, on est dans une logique d’individualisation, du chacun pour soi et de la non reconnaissance, de la non limite. Tout est devenu normal, il est normal de s’investir le plus possible sans nécessairement en attendre de la récompense ou de la reconnaissance. Et on voit de plus en plus des personnes faire un grand écart entre leur volonté de s’engager, leur volonté de s’investir et le retour sur investissement d’une certaine façon".
Pierre Firket rappelle qu'"il y a des lois, la médecine du travail avec toute la loi sur le bien-être". Il faut donc une plus large information pour que les personnes puissent s’orienter vers ces différents services.
En attendant, il tente de sensibiliser ses confrères : "Ils doivent montrer qu’ils sont capables d’entendre la souffrance au travail, en disant que ce que ces patients vivent n’est pas normal et que cela vaut la peine que l’on en discute".